L’envie d’y croire

François d'Estais
2 min readJul 15, 2016

On parlait du beau temps, du coiffeur du Président, des rivalités entre Macron et Valls. A posteriori, le décalage est toujours dingue. C’était pas si mal finalement. Le futile a du charme, il est synonyme de vie. Je revendiquais mon optimisme quant à l’avenir à mes grands-parents, trop souvent inquiets d’un monde de plus en plus menaçant pour leur petits-enfants. La nuit venue, je bosse sur la refonte d’un média étudiant que j’ai créé il y a trois ans. J’étais enthousiaste, ces soirées de création contiennent leur part d’exaltation.

Puis, comme souvent, j’ouvre Twitter. Il est 23h25. L’horreur. Ça recommençait. Les médias étrangers reprennent très vite l’information. J’appelle ma tante et mes cousins, qui habitent à Nice. Ils sont choqués, mais vont bien. Ils ne sont pas sortis ce soir-là, à cause de leur voiture qui était en panne (merci à leur bonne étoile). J’envoie des messages à mes amis, je reste scotché devant les chaines info, comme une mauvaise habitude depuis les attentats de 2015.

Les images se succèdent, les récupérations politiques immondes se multiplient sur les réseaux sociaux, la tristesse déborde des écrans. Je pense aux victimes, aux familles, aux amis. Je découvre une photo d’un drap macabre aux reflets dorés, sur un bitume grisâtre, avec à ses côtés une petite poupée. Ma petite sœur aurait pu avoir la même entre ses mains il y a quelques années. Mon cœur se serre.

Il est maintenant 2h du matin, je suis face à mon écran d’ordinateur, et je m’interroge. Bordel. Comment pourrai-je encore demain, défendre une vision un peu optimiste de ce monde ? Comment pourrai-je être crédible face à mes grands-parents à qui je disais que tout irait bien pour notre génération ? Comment convaincre que l’extrême-droite n’est pas la solution face à ces horreurs ? Comment notre jeunesse, celle qui est tolérante et ouverte, peut-elle montrer au reste du monde qu’elle n’a pas peur ? Comment croire en l’avenir, malgré tout ?

Ce matin, j’ai (toujours) envie d’y croire, même si ce n’est pas facile.

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François d'Estais

Consultant en stratégie de contenus chez Havas Paris Content • Passionné de médias, de tech, et de politique